MATHIEU DO DUC 

Lost memories on my doorstep – Fragments de vie restitués

25 avril 2025 > 18 mai 2025

MATHIEU DO DUC 

Né au Vietnam en 1958, Mathieu Do Duc vit et travaille aujourd’hui à Marseille. Très influencé par la génération de « Committed Photographers » (photographes engagés) et des photographes humanistes français (HCB, Doisneau, Ronis, Boubat, Dominique Darbois et tant d’autres), il a démarré la photographie par un travail de dix années sur les enfants d’une cité HLM en banlieue parisienne, à Fresnes Val de Marne. Il s’intéresse à l’humain dans sa quotidienneté la plus simple, traquant les instants empreints de poésie et s’attache à montrer ce que nous ne voyons plus faute de ne plus savoir ou de n’avoir plus le temps de regarder. Ses sujets vont des enfants aux amoureux, aux signes d’humour que nous laissons dans la ville. Qu’il photographie devant sa porte, son quartier chez lui à Marseille ou à des milliers de lieues de là -d’ailleurs il se positionne lui-même comme un voyageur perpétuel- il porte le même regard simple, émerveillé et respectueux sur les êtres qu’il croise que ce soit à Paris, New York, Lisbonne, Amsterdam ou Marrakech.

Lost memories on my doorstep – Fragments de vie restitués

  • Vous vous souvenez de ce slogan « les moments Kodak : les souvenirs que vous pouvez conserver pour toujours »*. Mais lorsqu’elles sont grignotées, colonisées, dévorées par la moisissure issue des infiltrations d’eau et des inondations jusqu’à en devenir méconnaissables, que peut-on espérer de ces photos si ce n’est de prendre la décision terriblement douloureuse de s’en débarrasser, le coeur chaviré et la mort dans l’âme. C’est sans doute ce qui s’est passé pour cet album de photographies échoué il y a une quinzaine d’années, dans le conteneur à poubelles au bout de ma rue. Je l’ai recueilli instinctivement comme si quelqu’un avait abandonné un bébé dans un couffin sur le pas de ma porte : Des tranches de vie mémorables réduites à néant ! Inimaginable pour moi qui ai si peu de photographies de ma famille au cours de l’exil vers la France, comme de mon enfance à Marseille ! Puis, une sorte d’attraction insolite me poussa à nettoyer les images et je me mis à les observer dans leur nouvel état. Évidement sur la plupart des photos, les gens ne sont pas reconnaissables, les moisissures en avaient endommagé un grand nombre. Mais on pouvait y entrevoir des scènes de vie d’une famille ordinaire des années 80/90 : Des fêtes, le bonheur d’un mariage, des joies partagées au restaurant, des virées détente au ski, à la plage, au camping au bord d’une piscine. Des visages déformés mais sur lesquels on peut distinguer des sourires, un bébé et son papa, un chien. En somme des images ordinaires, rassurantes, et attendrissantes comme il doit y en avoir dans bon nombre de foyers d’ici et d’ailleurs.