Bourse de la jeune création

Estelle Hoffert . Angelin Girard

La bourse de la Jeune Création Photographique Grand Est s’adresse aux photographes âgés de moins de 45 ans, à titre individuel ou organisés en collectif, qui travaillent et résident sur le territoire de la Région Grand Est. Les lauréats ont mené à bien un projet de création directement en lien avec la pensée philosophique mise en place par le Nouvel Observatoire du Grand Est dans le cadre de L’Événement Photographique #3. Cela permettra leur accompagnement et favorisera leur professionnalisation.

25 avril 2025 > 18 mai 2025

Bourse de la jeune création

Estelle Hoffert

Estelle Hoffert est une artiste-photographe et plasticienne née à Strasbourg en 1980. Le façonnage de décors et la mise en scène ont une place centrale dans son travail. L’artiste prend soin de concevoir minutieusement à la main chaque détail, en s’affranchissant des outils de postproduction. Le choix de cette technique implique un travail de performance l’amenant à s’immerger dans les univers qu’elle photographie, la rendant actrice des images, autant qu’autrice. De par la proximité de son atelier avec la forêt, elle oriente l’essentiel de ses recherches artistiques autour de cet environnement en y récoltant sa matière première. L’artiste construit ses mises en scène avec des matériaux de récupération. Elle ramasse des objets portant le poids d’une histoire et les utilise dans ses photographies.

Ergelssia

Sur la thématique de H2O entre Charybde et Scylla, Estelle Hoffert raconte le Bruch de l’Andlau. C’est un ancien marécage s’étendant sur environ 6000 ha, autrefois inondé par les eaux du Rhin, ainsi qu’une réserve naturelle de la faune et de la flore caractéristique des rieds alsaciens. Jusqu’au XIXe siècle, le Bruch était qualifié de « marais impénétrable ». Ce territoire longtemps hostile au pâturage, à l’agriculture, et à l’Homme, faisait l’objet de nombreuses légendes justifiant son inhospitalité. Le marais d’antan était infesté de crapauds et de serpents évoluant dans ces eaux dormantes aux odeurs nauséabondes. Au fil des siècles, les peurs ont disparu et le marais s’est asséché rendant possible la colonisation des terres et l’exploitation de la forêt. Ergelssia tire son nom du Vieil Ergelsenbach ou Ergelsen. Cette rivière, qui a la particularité de prendre sa source en plaine, est une ancienne dérivation anthropique de l’Andlau et est de plus alimentée par des réservoirs naturels d’eaux souterraines. Ces caractéristiques en font le ruisseau le plus pur et stable de ce territoire géographique. Estelle Hoffert remercie pour son soutien la ville de Hindisheim et Eqiom Granulats. Pour leur interprétation et contribution scientifique, Jean-François Staerk de la SDEA, Romain Colin de Tinca environnement, Fabien Lerdung, Eric Brunissen spécialiste passionné du Bruch, Laurent Schmitt de la faculté de géographie de Strasbourg, Serge Dumont plongeur cinéaste et universitaire, Margaux Dietrich.

Angelin Girard

Angélin Girard est artiste en arts visuels. ll vit et travaille à Strasbourg. Il a été diplômé de la Haute École des Arts du Rhin de Strasbourg en 2018. Sa pratique artistique s’axe notamment autour de la photographie, l’écriture et la conception de livres d’artiste. Il effectue des recherches poétiques et visuelles à partir d’expériences dans des territoires et paysage qu’il fréquente. Au gré de ses arpentages, il se passionne pour l’autofiction dans laquelle il explore des paysages subjectifs et intimes. Cette approche lui permet de faire émerger plusieurs thèmes qui lui sont chers, comme le genre, la santé mentale et l’écosophie. En 2023, son travail a été exposé à la galerie du Lac Gelé à Arles, et en 2024 à La Chambre à Strasbourg (centre d’art photographique membre de Diagonal). En novembre 2024, il est lauréat du Mois de la Photo de Grenoble où il expose son travail « Prendre racine ».

Pister les vallées glaciaires

Pister les vallées glaciaires est une invitation à la contemplation et à l’introspection dans des espaces en mutation, voire en voie de disparition. Pour cette série, Angélin Girard s’installe à la lisière du parc national des Écrins, à La Grave, au pied du glacier de la Girose. Ce glacier est menacé par les changements climatiques, mais aussi par un projet controversé d’agrandissement du téléphérique qui permet d’y accéder. L’artiste a commencé par parcourir le paysage au cours de longues randonnées, éprouvant ainsi le territoire de manière physique et émotionnelle. […] Avec une approche plasticienne, il s’appuie sur ses ressentis pour construire une interprétation subjective et poétique des paysages glaciaires, comme un acte de résistance face à leur disparition. Il s’inspire ainsi d’une phrase de la glaciologue Heidi Sevestre, s’émerveiller aujourd’hui, c’est résister. Il cherche à rendre hommage non seulement à ce que les glaciers ont été et sont, mais aussi à leur devenir et à leur capacité à de réinvention. Ainsi, il nous invite à questionner nos relations avec le paysage.

Estelle Hoffert . Angelin Girard